Il est des noms qui marquent les esprits; celui de Tracy Chapman a profondément marqué celui du folk. En 1988, le monde frissonne, émerveillé, à l’écoute d’une artiste afro-américaine d’exception inconnue jusqu’alors, à l’occasion d’un concert de soutien à Nelson Mandela dans le mythique stade de Wembley. En quelques semaines, Tracy Chapman et sa musique passionnent les foules. Il faut dire qu’avec leurs mélodies simples mais subtiles, une voix atypique et des arrangements exubérants entre folk et pop, plusieurs des compositions de cette artiste sont déjà à ranger aux côtés des vrais classiques.
Ayo, c’est d’abord l’histoire d’un métissage: née en Allemagne d’un père nigérian et d’une mère gitane, c’est depuis la France qu’elle va finalement se révéler au monde avec son premier album “Joyful”. Ayo, c’est ensuite une voix, feutrée, puissante, magnétique, qui ne demande qu’à nous émouvoir. Car Ayo, c’est surtout une émotion délicieusement contagieuse qui ne laisse personne indifférent. Qui a oublié l’image d’un Chapiteau ému aux larmes par une artiste en pleurs descendue dans la foule pour faire corps avec son public? Soyez prêts à frissonner, car la jeune métisse, auréolée du succès de son deuxième album “Gravity at Last“, nous revient – sur la Grande Scène, s’il vous plaît! – plus belle et envoûtante que jamais.
Hyperactive, délurée, imprévisible, les adjectifs ne manquent pas lorsque l’on veut décrire la chanteuse américaine Santigold. Il faut dire que la nouvelle égérie du tout-Brooklyn a littéralement crevé l’écran, le transistor et les enceintes avec son premier album éponyme, sorti en 2008. Artiste atypique, Santigold est de celles qui ne se laissent pas facilement ranger dans les cases usuelles des genres musicaux. Mélangeant avec habileté rock, soul, électro, r’n’b et dub dans une pop insolite et électrique, cette New-Yorkaise pur sucre use de sa précieuse créativité pour produire un son véritablement singulier.
Les Californiens de Cold War Kids ne font pas de chichis, ils visent juste et impriment leur passage d’un profond sillon avec un rock détonnant et intense. Auteur de “Something Is Not Right With Me”, morceau au potentiel dancefloor incroyable – d’ailleurs maintes fois remixé –, le quartet puise ses influences dans le meilleur des sixties et des seventies, alors que le monde se pensait en binaire et que le rock’n’roll n’en finissait plus de se construire. La voix de Nathan Willett, qui rappelle parfois celle de Robert Plant, vient merveilleusement compléter cette recette pour finir de convaincre, si besoin était, le plus réfractaire.
Vous pensiez l’association entre jazz manouche et électro impensable? Caravan Palace réussit pourtant le tour de force d’associer ces deux styles a priori antinomiques. Electro swing? Swing électro? L’appellation a peu d’importance, car le résultat est là. Fondé par trois compositeurs de musique électronique passionnés par Django Reinhardt entre autres, le groupe, rejoint par une chanteuse, sort son premier album éponyme en 2008. Avec son charleston dancefloor original et ses membres au look zazou des plus authentiques, Caravan Palace est une formation éclectique qui lance des ponts entre passé et présent au profit de la création musicale.
Sublimement belle, Grace nous fait vite oublier son physique pour nous rappeler qu’au final, c’est sa voix qui nous fera succomber. Quel doux mélange que sa musique, oscillant entre blues et folk, servie en permanence par une voix soul. L’ensemble, dont l’émotion et la sincérité sont palpables, défend un message plein d’espoir et de tolérance. Le premier tube de la petite Américaine, “Imagine One Day” (2008) pose les bases d’un album tout aussi réussi. Comment ne pas succomber aux charmes de Grace, chanteuse soul dans un corps de princesse orientale?
Encore une belle découverte qui nous vient tout droit de la scène suisse! La Zurichoise - à peine 20 ans - époustoufle son monde de sa voix oscillant entre celles des icônes PJ Harvey, Cat Power et Björk. Ses compositions, teintées parfois de rock abrasif, parfois de blues, parfois d’électro, parfois de pop plus légère, se dévoilent à nos oreilles dans une symbiose parfaite. Son immense talent fait éclore des mélodies toujours abouties et à l’instrumentation étoffée. La Suisse a trouvé en Lady Trouble un diamant brut à l’incroyable potentiel dont Paléo sera le parfait écrin.
DatA fait partie de cette nouvelle scène électro française tendance (Justice et consorts). En 2006, cet artiste sort son premier morceau sur Myspace, “J’aime pas l’Art”. Effet boule de neige, bouche-à-oreille et buzz maximal pour le jeune David Guillon, 20 ans tout juste sonnés. La suite passe par un EP (“Trop laser”) qui jongle entre riffs saturés, gimmicks imparables, groove sexy et mélodies entêtantes. Un peu comme si Daft Punk, Elton John, Moroder ou Vladimir Cosma s’étaient donné rendez-vous à une grande sauterie. Ce grand agitateur de dancefloors débarque au Paléo et risque fort d’en faire danser plus d’un.
Véritable fleuron de la scène électro suisse et même européenne, considérée par beaucoup comme une DJ inspirée et innovante, la Genevoise Kate Wax n’en finit plus d’impressionner. De par sa voix, qui rappelle parfois Björk, parfois Kim Gordon (Sonic Youth) ou PJ Harvey, et sa démarche qui n’a de cesse de placer l’éclectisme au centre de ses compositions, est une artiste des plus réjouissantes. Ses œuvres font fi des genres en slalomant habilement entre techno, hip-hop, pop et rock. Les dancefloors du monde entier lui en savent fort gré tant ils ont vibré au son de ses créations enthousiasmantes.
Nancy Glowbus… Cela pourrait sonner comme le nom de la correspondante anglaise de l’icône Heidi. Et pourtant, ce sont bien des plaques bernoises qu’arbore le tourbus des Glowbus. Forts de leurs guitares, basse et batterie, ces quatre jeunes gens nous invitent dans un roadtrip effréné au tréfonds d’un désert américain buriné par le soleil. Sans fioritures ni chichis, Nancy Glowbus s’impose et en impose dans un son impulsif et hargneux, aux racines du stoner, entre Kyuss et Queens of the Stone Age. Rock’n’Roll!
Issus de la scène alternative genevoise, les complices de The Proteins, groupe formé en 2006, pratiquent un rock des plus hérissés et nerveux. Dans une ribambelle d’accélérations brutales, de virages soudains, d’intermèdes surprenants et d’envolées lyriques, les Genevois maîtrisent la tension avec brio et produisent un son euphorisant qu’ils qualifient eux-mêmes de “rock expressionniste”. Jouissant déjà d’une belle reconnaissance régionale, The Proteins est de ces groupes à l’insolence toute anglaise qui ne s’excuse pas d’empoigner la scène à bras-le-corps.
Dans un monde où tout va vite et tout change, il est rassurant d’observer qu’il reste de la place pour la lenteur et la persistance de Francis Cabrel. Etabli loin de Paris et des canaux habituels de la promotion, ce poète, qui n’a pas changé d’un iota sa manière d’envisager sa musique, se joue bien des tendances et codes musicaux du moment sans jamais oublier d’écrire d’imparables tubes folk. Cabrel, c’est avant tout un calme qui apaise, une guitare, des chansons bourrées d’humanisme et de poésie, le tout accompagné d’une élégance rare qui place cet artiste au-dessus de la mêlée.
On ne présente plus Les Ogres, groupe phare de la scène alternative française. Cette joyeuse tribu familiale, multi-instrumentiste (dans la fibre) et protestataire (dans l’âme), mène une carrière exemplaire depuis quelque 15 ans, puisant dans la chanson à textes, le rock alternatif et les musiques tziganes. Après un dernier spectacle imposant, le quatuor revient à l’essence même du live et promet une surprenante balade dans son vaste répertoire. Entre chansons à danser, nouveaux titres plus intimistes et insolites expérimentations maison. Incontournable!
Avec des titres comme “Martin” ou “Du Courage”, elle s’était révélée en rockeuse. Se forgeant, avec sa guitare, une grosse caisse et une gouaille insolente, une réputation à toute épreuve. A 40 ans, après quatre albums plus qu’honorables (dont “Le Porte-Bonheur” et “La Suite”) et une Victoire de la Musique “Révélation Scène” en 2005, La Grande Sophie ose un cinquième album beaucoup plus intimiste et tendre, “Des vagues et des ruisseaux”, qui alterne ballades doucement mélancoliques et chansons pop pudiques. Retour à ses premières amours, la scène, pour un live assurément fantaisiste et punchy.
Ils ont emprunté leur nom de groupe à Prévert et ont fourbi leurs armes sans relâche, depuis 1995, dans les bars, les rues, les festivals et sur toutes les scènes qui ont bien voulu d’eux. Petits frères des Ogres de Barback et autres Hurlements d’Léo, les Debout Sur Le Zinc cultivent aussi une chanson française festive traversée de valses, tangos et javas, de musiques yiddish et irlandaises et de bons mots. Groupe de scène infatigable qui carbure à l’énergie, DSLZ fait tourner les instruments, chante à trois voix, harangue et fait vibrer un public sous le charme et de plus en plus nombreux.
C ’est sans aucun doute la proximité de sa Genève natale avec la France des Bénabar, Sanseverino ou autres Vincent Delerm qui a conduit Zedrus sur les chemins empruntés par ces représentants de la chanson française. Fort d’un humour grinçant qui jongle avec légèreté entre les tons, le Genevois interpelle l’auditeur de ses strophes piquantes, pleines d’espoir ou de tristesse, de rires ou de pleurs, de rêves ou de cauchemars. Zedrus sait jouer de toutes ses cordes jusqu’à faire vibrer la plus sensible de son archet. Le charme opère, et l’on perd toute arme face à tant de gouaille.
Danseur, chorégraphe, compositeur, musicien et chanteur, Raghunath Manet est considéré comme l’un des plus grands artistes indiens. Principal représentant masculin du “Bharata Natyam”, danse classique de l’Inde du Sud, il excelle également dans le maniement de la “veena”, luth très ancien de la même région. Raghunath Manet s’affirme donc comme un ambassadeur de choc pour les arts traditionnels indiens, et parcourt le monde pour faire connaître les chorégraphies et les danses que ses maîtres lui ont enseignées, où subtilité rime avec grâce et délicatesse.
Pilier de l’électro world, Karsh Kale, qui s’applique à faire se rencontrer tablas indiens traditionnels et instrumentation électronique, offre un son dont l’originalité et l’amplitude surprend. Entre passé, présent et futur, analogique et digital, Est et Ouest, le New-yorkais d’adoption combine des sonorités qui semblaient à priori insolubles. En enrobant la musique indienne traditionnelle d’arrangements électro ou rock, Karsh Kale a su créer un univers qui lui est propre, faisant du tabla électronique sa marque de fabrique. Les collaborations prestigieuses (Lenny Kravitz, Norah Jones ou Sting) ne sont qu’un indice de plus sur la virtuosité du bonhomme.
Musafir est emmené par Hameed Khan Kawa, joueur de tablas, qui a réuni à ses côtés des artistes de communautés et religions différentes pour restituer un répertoire authentique de musique spirituelle aux confluents des cultures gitane, hindoue et musulmane. Entre chants qawali et mélopées soufies du Pakistan, Musafir dépayse avec un spectacle haut en couleurs qui mêle instrumentaux de sarangui, guimbarde et satârâ, danses à clochettes hypnotiques et exploits de fakir. Fascinant et authentique.
e Jaipur Maharaja Brass Band est une formation qui nous vient tout droit du Rajasthan. Composée de neuf artistes, dont une danseuse et un fakir, cette fanfare puise aussi bien dans les sonorités classiques et traditionnelles du Rajasthan que dans le cinéma populaire indien pour construire un spectacle explosif de gaité, d’énergie et de dynamisme. Entre cuivres vitalisants et rythmes endiablés, fakir et danseuse virevoltants, le spectateur est immédiatement gagné par la virtuosité et l’entrain des plus communicatifs des artistes du Jaipur Maharaja Brass Band.